Hello,
Je profite d'un peu de temps libre pour donner de mes nouvelles :-)
Il y a deux semaines, Toto m'a proposé de me joindre à lui pour une expédition dans le bush. Son entreprise l'a envoyé faire des relevés de terrain pour de futures constructions dans deux communautés aborigènes perdues au milieu de nulle part: Ngukkur and Borrolloola. Une "petite" boucle de 2300 km, dont une bonne partie sur des pistes 4x4.
Nous sommes partis dans la nuit du jeudi au vendredi. Toto venait de Darwin, et moi, j'étais en train de fêter la fin de la saison du packing à Humpty Doo. Rendez-vous était donné au croisement de la Arnhem Highway et de la route de ma ferme, à 2h du matin. Certains n'ont pas du me croire quand j'ai pris tout mon barda en pleine nuit pour partir à pied, et un peu de travers en disant "Je vais dans le bush" ;-)
Toto m'a retrouvé au dit croisement grâce à mes signaux désespérés de lampe torche, nous sommes partis sur la Stuart Highway. Rien d'exceptionnel à noter sur cette partie, si ce n'est que j'y a vu mes premiers kangourous !
Le lever du soleil sur la Stuart Highway:
A l'approche de Ngukkur, nous avons quitté l'asphalte pour emprunter des pistes de terre rouge.
Petite pause quelques kilomètres avant Ngukkur...
A Ngukkur, nous nous sommes arrêtés pour faire les relevés de terrain. Le procédé est simple: tester la résistance du sol à l'aide d'une sorte de longue pique en métal. On l'enfonce en laissant tomber une sorte de gros poids, et on compte combien de fois le poids tombe par tranches de 10 cm, en rajoutant de la longueur au fur et à mesure. Ensuite, un tracto-pelle creuse un trou et on prend des mesures et des échantillons de terre. Mon boulot d'assistant consistait à relever les comptes, et celui de Toto, de manoeuvrer le poids. Simple dans la théorie, mais par 40 degrés de température à l'ombre, et avec la gueule de bois, c'est une autre paire de manches... Quant à Toto, j'ai cru le perdre, je pense que si on était restés un peu plus longtemps au soleil, j'aurais du ramener un cadavre desseché à Darwin ! Professionnel jusqu'au bout des ongles, il avait troqué son short et ses tongues pour un jean et des chaussures de ville. On est ingénieur ou on ne l'est pas ;-)
Quant aux aborigènes, il est toujours aussi difficile de rentrer en contact avec eux, et ils ne semblent pas en avoir envie, si j'en crois les regards de travers qu'ils nous jetaient... Ici, c'est un peu chez eux, enfin, si l'on peut dire: interdiction d'apporter de l'alcool, et tous les bâtiments publics sont grillagés, même les fenêtres. Il faut le voir pour le croire.
Après nous être ravitaillés en boissons fraîches, nous sommes repartis direction Borrolloola, où Toto devait effectuer le même travail le lendemain. C'était le plus beau tronçon, quelques centaines de kilomètres en plein bush, sur une route très accidentée (crests, floodways, dips, .... c'est à dire des creux de terrains, des crêtes, des grosses flaques à traverser, des cailloux, et tout un tas d'obstacles répondant à un signalement bien précis). Cela nous a pris l'après-midi et le début de la nuit. Sur la route, on s'est pris un magistral orage, et nous avons du nous mettre sur 4 roues motrices car on partait en aquaplanning tous les deux mètres. Les petites flaques étaient devenues de gros trous d'eau, et les éclaboussures passaient par-dessus le pare-brise quand on les traversait.
La faune et la flore étaient époustouflantes !
Ci-dessous un dingo, sorte de chien-loup sauvage qui n'existe qu'en Australie: 
A Borrolloola, nous avons passé la nuit dans un taudis infesté de cafards volants et de crapaux venimeux (les Cane Toads, le fléau du Northern Territory). Le lendemain, nous avons mis les voiles, non sans avoir travaillé pendant 1 heure, vers King Ash Bay, un petit village situé à côté du delta d'une rivière, pour aller camper là-bas et tenter de voir des crocodiles.
Cette fois-ci, Toto a laissé tomber le jean :-)
Cet énorme monitor lizard (70 cm?) se prélassait sur un ponton ensoleillé et a sauté dans l'eau:
J'ai même eu droit à un concert privilégié (et pas de playback s'il vous plaît) :
Sur les deux photos ci-dessous, on voit un crocodile à la surface de l'eau, derrière le banc de sable :
A la nuit tombée, nous avons planté la tente non loin de la rivière, mais une heure plus tard la chaleur nous a fait déménager sur le toit du 4x4. A mon grand plaisir car je suis sûr d'avoir entendu des gros "ploufs" dans l'eau à quelques dizaines de mètres... Sauf que les moustiques ont achevé de nous pourrir la nuit jusqu'au petit matin, où les mouches ont pris le relais. Nous sommes repartis tôt pour rejoindre Mataranka et la Stuart Highway où nous nous sommes arrêtés aux sources d'eau chaude pour un petit bain rapide. Puis retour à la ferme pour moi à Humpty Doo, à Darwin pour Toto.
Image de fin:
Petit "flash news" pour terminer. Une fois le packing bouclé à Humpty Doo, nous avons enchaîné sur le pruning (élagage des manguiers), qui a été bâclé en une semaine et demi... Nous avons donc plié bagages pour trouver du travail à 300 km de là, à Katherine, où j'écris ces lignes. Ici, la saison est décalée, et nous avons été embauchés dans le picking des mangues. J'ai malheureusement du arrêter de travailler hier, car j'ai une alergie aux mangues qui me donne des plaques rouges sur tout le corps, et le jus acide qui est dans la tige m'a détruit les mains et les avant bras, au point d'avoir des brûlures et des cloques. Donc j'attends quelques jours à Katherine le temps que ça se soigne. Je vais à Darwin jeudi, et vendredi, je m'envole avec Toto pour Bali. J'avais initialement prévu de revenir travailler deux semaines dans le picking, et repartir à la fin du mois à Kuala Lumpur pour un nouveau trip en Asie. Finalement, je pense rester à Bali au cours de ces deux semaines. Je prendrai directement ma correspondance à Bali. Je n'en peux plus des mangues, et ça me démange de repartir.
Donc, je prévois des articles croustillants au cours des prochaines semaines !
A bientôt.
